Depuis le confinement lié au Covid-19, bon nombre de chats vivent de manière beaucoup plus proche avec leur(s) propriétaire(s), de manière continue. Vu de la « planète chat », ce confinement des humains peut s’apparenter à un envahissement de son espace de vie et ce n’est pas forcément agréable pour lui. En effet, certains chats peuvent avoir des capacités d’adaptation limitées, que le confinement risque de dépasser largement. Il est donc utile, tout en étant confiné, de respecter certains préceptes :
Le chat et son environnement matériel
Le chat étant territorial, il accorde beaucoup d’importance à son lieu de vie, qu’il organise de manière très précise et ritualisée, en zones et horaires. Cette organisation est apaisante pour lui. « Il a ses endroits et ses petites habitudes », surtout en ce qui concerne le sommeil et la nourriture. Respecter les endroits et les moments où le chat se repose ainsi que les endroits et les moments où il mange, vous assurera ses remerciements éternels. En confinement, évitez donc de fermer les portes des endroits où le chat dort habituellement, ou alors aménagez-lui de nouvelles cachettes accessibles en permanence. Evitez de le réveiller quand il dort ou de le gronder s’il va un peu trop régulièrement à votre goût manger de petites quantités de croquettes, car c’est la manière naturelle de manger pour le chat ! Mais évitez également de lui en donner plus. La meilleure règle est :« ni plus, ni moins ».

Le chat et les relations avec les humains
Certes le chat apprécie également les relations sociales, mais ce n’est pas pour autant qu’il doit accepter d’être considéré comme une peluche que l’on cajole ou dérange à toute heure.
Si le chat est perturbé, parce que ses capacités d’adaptation sont dépassées, vous remarquerez rapidement des changements peu agréables à votre encontre : votre chat devient anxieux. Le chat devient alors irritable, agressif, ou fuyant à votre encontre. Il peut également commencer à marquer son territoire (votre maison ou appartement je vous le rappelle), devient malpropre en faisant ses besoins à côté de sa litière, ou au contraire il s’isole, « il disparaît » de son territoire et il se lèche intensément jusqu’à en perdre tous ses poils !
Cela dit le chat vous voyant (beaucoup) plus présent(s) peut aussi vous solliciter plus, en miaulant ou en grattant! L’erreur est de répondre à ses demandes en donnant de l’aliment, ou en le faisant sortir/rentrer par cette fenêtre-ci ou cette porte-là. Car c’est ainsi que vous entrez au service du chat. Plus vous répondez positivement, plus il vous demande avec constance et insistance.
Une fois que l’enchaînement a été mémorisé, le punir, même verbalement, est inutile et peut même devenir néfaste pour votre relation, vos punitions peuvent aussi le rendre anxieux ! Afin de ne pas renforcer ce nouveau comportement, la meilleure stratégie est de quitter la pièce quelques secondes.

Mais alors, lors du déconfinement, que se passera-t-il et qu’est-il utile de faire ?
Le déconfinement est à nouveau un changement d’habitude, que le chat sera capable d’accepter encore une fois, ou pas. La meilleure manière d’éviter un stress au moment du déconfinement est donc bien d’avoir respecté le plus possible ses habitudes d’avant confinement !
A tout moment de cette période où nous sommes plus présents à la maison, regardez votre chat, observez-le bouger ou dormir, interagir avec vous ou avez les autres, observez ses petites manies et ses horaires vous verrez, c’est passionnant. Vous apprendrez ainsi à repérer des attitudes d’agacement, annonciatrices de malaise et donc de difficulté d’adaptation : par exemple le chat qui s’isole en hauteur, le chat qui bat de la queue, qui met ses oreilles en arrière, qui grogne, qui se recule loin de vous, qui mange moins, qui mange plus, qui se lèche le ventre intempestivement etc.

Que faire dans ce cas ?
Si le chat montre un signe de stress lors d’une interaction avec un autre être vivant, il est urgent de stopper l’interaction en question, et laisser le chat tranquille. Pas d’énervement, pas de punition, merci.
Si les signes de stress sont visibles lors d’interaction mais aussi en dehors (chat qui s’isole par exemple), parlez-en dès à présent à votre vétérinaire traitant ou à un vétérinaire comportementaliste, ceux-ci vous aideront à régler ce passage de vie difficile pour chacun, de manière à éviter que la situation ne dégénère, même après le confinement.

A retenir, durant toute la vie du chat : Il a été démontré que le temps d’interaction entre un chat et l’humain est plus long si c’est le chat qui initie l’interaction plutôt que l’inverse. Laissez-lui donc cette initiative de venir vous donner un coup de tête pour recevoir des caresses, car ce bon moment sera ainsi naturellement prolongé.

Joëlle Hofmans, Vétérinaire Comportementaliste denvf, www.joellehofmans.com