En 1992, après six années d’études universitaires, je deviens vétérinaire. Dès 1998, après trois années d’études supplémentaires, une formation complémentaire type DU en France me donne le titre de « vétérinaire comportementaliste ».
Etre vétérinaire signifie que je soigne tous les organes des animaux, y compris leur cerveau. Vétérinaire implique aussi que, avant de soigner et pour le faire efficacement, je fais un diagnostic, de maladie ou d’état normal.
Vétérinaire comportementaliste, je soigne les troubles du comportement des animaux. Ces comportements peuvent être normaux mais incompris ou indésirables par les humains. Ils peuvent être pathologiques, liés à un trouble comportemental ou bien à une maladie corporelle. Du fait de sa connaissance globale de l’animal, le vétérinaire comportementaliste est le seul à pouvoir détecter les relations entre les troubles du comportement et les dysfonctionnements du corps. Nous sommes bien en face d’une discipline médicale vétérinaire, comparable à celle de la psychiatrie humaine. Le processus pour soigner est le même : d’abord un diagnostic, associé à un pronostic, puis un traitement.
La démarche médicale dans l’identification et le traitement des troubles du comportement animal a permis une progression remarquable dans le dépistage, la prévention et la thérapeutique des maladies comportementales animales.
Cette démarche ne peut être réalisée que par un vétérinaire (loi sur l’exercice de la médecine vétérinaire). Par ailleurs, le vétérinaire est le seul habilité à utiliser les médicaments adéquats, parfois nécessaires à une guérison complète… mais il a bien sûr le choix de les utiliser ou non. Ce choix se fait principalement en fonction de l’état émotionnel des animaux qu’il reçoit.
Précision sur les émotions
Les animaux en général et plus spécifiquement les chiens et les chats (ceux que je connais le mieux) sont des êtres doués d’un certain niveau de conscience et qui ressentent des émotions, tout comme nous. Nous sommes maintenant loin de « l’animal-machine » de Descartes !
Nos chiens et chats présentant un état émotionnel normal (bien-être) développent des comportements dits « normaux » dans leur milieu de vie naturel (ou niche écologique). Leur milieu de vie naturel est bien différent de leurs ancêtres, loups et chats sauvages! Cela explique pourquoi certains comportements sont différents entre ancêtre et animal domestique.
Dans certaines circonstances, les états émotionnels du chien ou du chat peuvent être perturbés et devenir pathologiques. Nos animaux sont dans ce cas “malades dans leur cerveau”. En effet, les scientifiques reconnaissent chez eux des états émotionnels pathologiques tels que la phobie, l’anxiété ou la dépression Ces états pathologiques peuvent être traités, tout comme chez les humains. Un traitement, quel qu’il soit, nécessite un diagnostic et un pronostic avant tout.
Par ailleurs, certains animaux présentent des maladies physiques qui atteignent le cerveau et/ou d’autres organes (reins, bassin, appareil génital, etc.), et qui néanmoins ne se manifestent extérieurement que par des signes comportementaux.
De ce fait
Le vétérinaire comportementaliste est donc en quelque sorte l’équivalent d’un “psychologue” ou d’un “psychiatre pour animaux”. Il est à ce titre la seule personne apte et autorisée (en terme de compétence mais aussi légalement !) à soigner les animaux présentant des troubles du comportement, qu’ils soient le reflet de maladies ou qu’ils soient normaux mais gênants pour les propriétaires. Pour distinguer animaux normaux ou pathologiques, seul un vétérinaire, à fortiori comportementaliste, est compétent pour faire un DIAGNOSTIC, ce qui l’amènera à faire un pronostic et un traitement adapté (je dirais même modelé) à la maladie ou au comportement gênant en tenant compte des ressources de chacun.
En faisant le tour de la question, je suis donc plus précisément « médecin vétérinaire du comportement », pour mon plus grand bonheur.